"Le Monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page." Saint Augustin.

vendredi 4 mai 2012

Chroniques de là-bas









Du feu et du sang


La Blue line relie Long Beach à downtown L.A. En chemin, le métro passe par les quartiers les plus pourris de la ville. Les Californiens n'ont pas de problème d'espace donc ici pas de tours HLM où entasser les pauvres. Les maisons des ghettos ressemblent à celles des banlieues résidentielles. A un détail près, les barreaux aux fenêtres. Les Américains ont beau avoir envoyé un Noir à la Maison blanche, le cloisonnement racial est plus fort encore que chez nous. Dans ce métro, c'est comme le premier RER du matin à Paris, une majorité écrasante de Noirs et d'Hispaniques. Dans ces quartiers, même chose. Les gens du coin ne s'entendent pas avec la police qui le leur rend bien. 

Le 3 mars 1991, à Los Angeles, il s'est passé ça:


Ce jour-là, Rodney King est noir comme depuis sa naissance et conduit bourré comme de temps en temps. Course-poursuite avec les flics. Il finit par s'arrêter mais résiste à la police. Les hommes en bleu se lâchent. Un an plus tard, malgré la vidéo amateur ci-dessus, un jury composé de Blancs (et d'un Asiatique et un Latino) refuse de condamner les policiers concernés, tous blancs (sauf un, hispanique). Les Noirs de Los Angeles sentent l'arnaque. 

Alors le 29 avril 92, jour du verdict, il s'est passé ça:


6 jours d'émeutes et de pillages sans attendre que la nuit tombe. Tout ça filmé par les hélicos de la télé parce qu'aux States, les télés ont des hélicos. Ici, il n'y a pas de cailleras mais des gangs. Ils sont plus méchants. Résultat, une cinquantaine de morts et des centaines de millions de dollars de dégâts. Différence essentielle avec ce qui se passe chez nous: les citoyens énervés ne s'en sont pas forcément pris à la police (les flics yankees ont la gâchette facile) mais à d'autres citoyens, blancs ou asiatiques de préférence. Des années d'injustice et de frustrations raciales ont explosé en quelques heures. Reginald Denny, par exemple, routier de son état, s'est fait passer à tabac sans raison, si ce n'est la couleur de sa peau. 

Ca s'est passé comme ça:


20 ans après, la presse a commémoré les "événements" en se demandant logiquement si les choses avaient changé. Dans un pays qui valorise le communautarisme, il y a des politiciens et des businessmen de toutes les couleurs mais il n'y a pas moins de racisme pour autant. Les Noirs restent à l'écart du rêve américain (ex: l'ouragan Katrina) et les cibles préférés du LAPD. 

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