"Le Monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page." Saint Augustin.

jeudi 8 novembre 2012

Chroniques de là-bas

Spectacle électoral

Il y avait quelque chose de fascinant à suivre John King sur CNN hier soir. John King, c'est le Mr sondages de la chaîne. Sur sa tablette géante, il allait d'un Etat à l'autre, zoomant sur un comté puis sur un autre, commentant sans le moindre blanc les résultats des premiers dépouillements de l'élection présidentielle. De tous les journalistes déblatérant sur le scrutin, il était de loin le plus impressionnant. Sans doute parce qu'il avait le plus bel outil. 


Chaque chaîne a ses écrans, vrais ou virtuels, ses bandeaux, ses sondages qui finissent par ne plus rien dire. The Daily Show, sorte de Petit Journal, s'en est d'ailleurs moqué en équipant un de ses journalistes d'un I-Pad sur chaque bras indiquant bras un, bras deux. Le prix du plus inventif revient à NBC qui a installé sur la patinoire du Rockerfeller Center à New York une carte des Etats-Unis, peinte en bleu ou en rouge en fonction des victoires démocrates ou républicaines.



Une soirée électorale chez nous, c'est du duplex jusqu'à 20 heures, l'affichage des résultats et puis parole aux politiques. Les Américains se passent de la parole des politiques. Les Etats-Unis s'étalent sur plusieurs fuseaux horaires. Difficile de réunir tous les élus d'un Etat fédéral sur un même plateau. En France, le mec traverse la Seine pour passer de France 2 à TF1. Ici, il lui faut un avion. Du coup, ce sont les journalistes et les experts qui ont le monopole de la parole.


Ce ne va pas sans une certaine logique. Le président n'est pas élu directement. Chaque état désigne en fonction de sa population un certain nombre de grands électeurs qui à leur tour choisissent le président. Avec 3 heures d'écart entre côte Est et côte Ouest, les résultats tombent au fur et à mesure. Le premier à 270 a gagné, même si au niveau national, en valeur absolue, il récolte moins de voix que son adversaire (ex: George Bush en 2000). Ajoutées aux statistiques ethniques (interdites en France); les médias ont donc à disposition de quoi entretenir un suspense longue durée alors que le verdict prend le temps d'une image minitel chez nous. 



Ce découpage temporel fait écho aux rencontres sportives. En Europe, un match de rugby dure 80 minutes en partant de 0. Les sports US comme le basket, le hockey, le football américain se disputent en périodes où le temps fait compte à rebours avec la possibilité de le stopper. Les commentateurs ont une immense base de données statistiques dans laquelle piocher. Tout pour le show quoi. En sport comme en politique.

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