"Le Monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page." Saint Augustin.

dimanche 18 décembre 2016

Y'a des marins qui chantent

J’ai toujours été fasciné par la grandeur et le rayonnement international des petits pays.
Après l’exemple du Portugal l’an dernier, Malte cette année, Venise bien avant ou dans un domaine plus contemporain Dubai prochainement, il me tardait depuis longtemps de visiter Amsterdam et de toucher un bout des Pays-Bas (et non de Hollande qui est le nom de la région occidentale du pays).

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Originellement terre des Bataves puis des Frisons, des Saxons et des Francs après les invasions germaniques, conquis par les Vikings puis réintégrés au Saint Empire, les provinces qui constituent les Pays-Bas sont petit à petit, à coup de mariages, d’achats et de conquêtes intégrés au XVè sicècle dans le Duché de Bourgogne (Allez Auxerre !).

Charles Quint, descendant des ducs de Bourgogne et des Habsbourg en hérite naturellement lorsqu’il devient Empereur du Saint Empire et leur accorde une autonomie relative par la Pragmatique Sanction.
Sauf que ses descendants ne l’entendent pas de la même façon, le peuple se sent opprimé et cela conduit à Guillaume d’Orange à organiser la révolte contre les Habsbourg d’Espagne, conduisant à la Guerre de 80 ans. Les provinces gagnent leur indépendance et deviennent les Provinces-Unies regroupant les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg et Nord de la France. La famille Orange qui gouvernera le pays pendant encore quelques siècles donnera sa couleur si caractéristique au pays.

A partir de là, c’est un siècle d’or, le XVIIe, qui s’ouvre pour le nouveau pays qui se constitue alors un véritable empire colonial en suivant l’exemple de l’époque de l’Espagne et du Portugal.

En Amérique du Nord, c’est la région de la Nouvelle-Amsterdam qui deviendra New York (le quartier de Haarlem porte le nom d’une ville situé à 15mn d’Amsterdam), dans les Antilles, ce sont Curaçao, Aruba, Saint Martin, Trinité&Tobago, en Amérique Centrale le Suriname, en Afrique ils s’immiscent au Bénin, en Mauritanie, en Guinée et surtout en Afrique du Sud, en Inde avec quelques comptoirs au Bengale et le Sri-Lanka et c’est essentiellement en Asie avec l’Indonésie que les Néerlandais colonisent par-delà les mers. Ils découvrent la Tasmanie (par le navigateur Abel Tasman), la Nouvelle-Zélande (le Zeeland est une région des Pays-Bas) ou bien encore- et je ne les remercierai jamais assez- l’île de Pâques.

C’est aussi à cette époque qu’est créée la première compagnie mondiale : la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales, préfigurant dans un monde féodal au capitalisme balbutiant, les sociétés modernes avec l’actionnariat et la multinationale implantée dans plusieurs pays.

Les Provinces-Unies deviennent rapidement un pays très riche et reconnu pour sa tolérance et devient le lieu d’installation de nombres d’artistes, humanistes (Erasme et ses disciples) ou croyants chassés de leur pays (protestants, juifs). Une tolérance qu’on retrouve toujours aujourd’hui avec une ouverture rarement vue ailleurs sur des sujets comme le mariage gay, la dépénalisation du cannabis ou la légalisation de la prostitution.

A la fin du XVIIIe siècle les Provinces-Unies passent sous contrôle français, transformé en République Batave puis Royaume de Hollande sous Napoléon pour enfin devenir le Royaume Uni des Pays-Bas après le congrès de Vienne en 1815 et la dislocation de l’empire napoléonien.

En 1830, la partie catholique du Royaume Uni se soulève ne supportant plus la mainmise protestante et néerlandaise, conduisant à la révolution belge et la création d’un royaume de Belgique indépendant.

Neutres pendant la première guerre mondiale, ils sont envahis par les Allemands pendant la seconde, Les Juifs du pays n’échappent pas aux persécutions nazies, comme le rappelle l’exemple d’Anne Frank raflée à Amsterdam.
A ce sujet, sa maison se visite. C’est même l’un des endroits touristiques les plus populaires de la ville avec une queue de plusieurs centaines de mètres. Je ne l’ai pas fait. Au-delà des limites de ma patience et du tarif prohibitif de 9€, c’est le côté mercantile de la chose qui m’a dérangé. Véritable business érigé (produits dérivés à la sortie, etc) sur le malheur des gens, j’ai du mal à considérer que ce ne soit pas gratuit en tant que devoir de mémoire de l’Humanité. Il ne me semble pas avoir payé à Dachau et ça m’embêterait de devoir le faire à Auschwitz en même temps que je viendrai récupérer ma photo-souvenir dans les chambres à gaz.

En dépit de cette petite faute, Amsterdam reste une ville au charme fort, même sous la pluie (c’est le problème d’aller en Europe du Nord en automne/hiver, cf la même à Copenhague en février dernier).

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La ville est ceinte de différents niveaux de canaux avec plus d’un millier de ponts les traversant, ce qui en fait très certainement la véritable Venise du Nord (au mépris de toutes les autres villes qui prétendent au titre).

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Autour des canaux, toutes les maisons et toutes les rues se ressemblent. Heureusement que c’est beau sinon on pourrait facilements’en lasser .

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On trouve également de belles constructions avec ces briques rouges si chères au nord de l’Europe.

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Amsterdam, c’est aussi des musées, de peinture essentiellement, avec le Rijksmuseum sur l’art pictural néerlandais (là aussi, j’avoue ne pas avoir visité…) ou le musée Van Gogh

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mais aussi sur l’emblème quasi-gastronomique du pays assurant son rayonnement sur toutes les tables du monde : la bière Heineken. La brasserie se visite, tout comme celle de Carlsberg à Copenhague, et cela vaut clairement le détour.

Mais Amsterdam la libérale est surtout réputée pour son Red Light District et ses coffee shop.
Dans le premier, on y trouve des filles de joie officiant dans des vitrines sous néon rouge et dans le deuxième de l’herbe (de joie aussi) et des joints roulés prêts à l’emploi à fumer autour d’une bière. Les deux sont à voir et les touristes affluent.

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Le WE aurait pu s’arrêter là mais la présence de Bruxelles à 3h et 25€ de train justifiait un détour.
La Belgique ne faisant pas rêver les foules dans une perspective de vacances, je me disais que je n’irai pas jamais spécialement pour ça et que c'était donc l’occasion ou jamais.

J’y allais donc plus par obligation morale que par plaisir ne sachant pas très bien à quoi m’attendre.

Et comme dans beaucoup de cas comme celui-là, ce fut une réelle belle surprise que de visiter la capitale des Belges qui n’a pas à rougir face à la plupart des capitales européennes.

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A commencer par sa Grand-Place, véritable coup de foudre urbain personnel. Victor Hugo ne s’y trompait pas en disant d’elle que c’était la plus belle d’Europe.

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Autant Amsterdam a un style propre et unique, tant par sa situation que par son architecture très unique, autant Bruxelles fait fortement penser à Paris, Londres ou Vienne avec ses grands bâtiments au style impérial.

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Et au même titre que Paris a sa Tour Eiffel, construite à l’occasion de l’exposition universelle de 1889, Bruxelles a son Atomium construit pour l’exposition de 1958 et figurant un atome de fer en hommage à l’ère atomique qui s’ouvrait.

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L'intérieur se visite et chaque boule renferme une salle d'exposition.

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Par contre, je dénonce publiquement l’escroquerie touristique qu’est le Manneken-Pis. Je croyais avoir vu le pire avec la (très) Petite Sirène reléguée au fin fond d’une zone industrielle de Copenhague, et bien on en est pas loin avec ce (très très) petit homme qui pisse à l’angle d’une rue. C’est mignon mais je ne comprends pas l’engouement populaire autour de cette fontaine d’appartement.

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En tout cas, si Amsterdam est aussi touristique, ce n'est pas volé. Sa situation centrale en Europe du nord et la petitesse du pays permet au visiteur de rayonner rapidement entre la Belgique, l'Angleterre ou l'Allemagne si jamais tout ce que propose la ville ne suffisait pas.


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