Cette phrase ne m'a jamais quitte pendant le TDM et j'etais tout content de pouvoir lui prouver le contraire en revenant bientot. Hier, pourtant, pour la premiere fois en 5 mois, j'ai cru qu'elle aurait raison...
Explications.
Nous sommes arrives a Cuzco le 13 janvier. Le lendemain, comme prevu, nous retrouvons mon pote toulousain Maxime. Maxime est du Sud-Ouest, Maxime aime la bonne bouffe, Maxime me connait bien, Maxime me rapporte une petite boite de foie gras. Je suis aux anges ! Je la garde precieusement. C'est mon anniversaire le 17, ce sera la classe de se faire ce petit plaisir en haut du Machu Picchu.
On decide de partir visiter le Machu Picchu le 15 . Je vous ferai evidemment un petit article sur ce lieu mythique des Incas prochainement.
Resider a Cuzco pour aller visiter le Machu Picchu, des milliers de touristes le font chaque annee. Ca parait meme simple. Pourtant, c'est a partir de la que tout va se compliquer pour nous...
D'abord, il faut savoir qu'a Cuzco, il n'y a que des voleurs. Les mecs n'en peuvent plus de leur merveille et font donc raquer les touristes au maximum. De maniere profondement indecente. Tous les prix sont quasiment europeens avec parfois des extremes intolerables. Exemple : le train pour les locaux coute 10 soles (2.5 euros), le meme pour les touristes coutent 60 dollars, soit 180 soles, soit 45 euros. 18 fois plus cher. Qui dit mieux ?
On sait qu'on a la fibre radine en nous, ca, on ne pourra pas le nier. Par contre, ce qui est aussi sur, c'est qu'on n'acceptera jamais de passer pour des pigeons, quitte a se galerer un peu.
Du coup, on cherche une alternative au trajet touristique pour se rendre au Machu Picchu (dont l'entree est a 30 euros pour les touristes...).
Le depart pour le Machu Picchu peut se faire soit depuis Cuzco a pied, ce qui constitue le Chemin de l'Inca, une ballade de 100km en 4 jours, soit en bus depuis le village situe au pied de la montagne et qui ne demandera que 2 heures de marche. Comme on n'est pas super courageux pour quelque chose qui ne vaut pas forcement le coup et que surtout on n'a pas 4 jours a perdre ici, on choisit la seconde option.
Le tout est donc de se rendre maintenant a Agua Calientes, le village en question, depuis Cuzco.
Il y a une feinte qui permet d'economiser un peu : se rendre en taxi collectif a Ollaytatambo (1h20 de voiture pour 3 euros chacun) et de la, prendre un train pour Agua Calientes qui ne coutera "que" 7,5 euros. Ca commence deja a etre acceptable pour un pays comme le Perou dont, rappelons le, le salaire minimum est de 80 euros.
La Mitshubishi Colt qui va peu a peu gagner mon respect...
On va, mine de rien, traverser des paysages grandioses, inedits pour nous
C'est la que ca va se compliquer. On arrive a 16h30 a la gare, le train de 16h14 est deja parti.
Il ne reste plus que le train de 19h qui - nous le decouvrons - n'est reserve qu'aux locaux. Meme en voulant payer le prix fort, les mecs refusent de nous vendre un billet. Le dernier train de la journee, a 20h30, est a notre etonnement le plus total, complet.
On pourrait retourner a Cuzco mais notre planning est serre et on ne peut se permettre de perdre une journee. Et ce d'autant que nos billets pour le Machu sont deja reserves.
Du coup, on retrouve notre chauffeur et on lui demande de nous amener a Santa Theresa, bled le plus proche d'Agua Calientes accessible par la route. Ah bah, oui, ce serait trop facile si on pouvait prendre un taxi jusqu'au village. Celui ci n'est evidemment accessible que par voie ferree.
5 heures de routes infernales nous attendent alors. Il est absolument scandaleux que l'Etat peruvien autorise de rouler sur cette route. On gravit un col de 4800m dans le brouillard le plus total, sur des routes mouillees, en bordure de ravin vertigineux. Les torrents qui devalent la montagne passent allegrement sur la route dans les virages.
On est meme temoins d'un eboulement sur la route qui cree un leger sentiment de panique parmi les voitures arretees a flanc de montagne (dont nous evidemment) qui voient encore des pierres devaler la pente et qui se demandent comment degager au plus vite de l'endroit.
Une fois en face, on apercoit des carcasses de voitures au fond du ravin. On apprendra cet aprem que 2 mini-vans ont ete precipites...
Et je ne parle meme pas des conducteurs peruviens qui sont des fous complets. J'ai franchement eu envie de descendre de voiture pasmal de fois pour foutre mon poing dans la gueule de certains abrutis. Ca roule a gauche, a droite, au milieu, ca double dans les montees, les descentes, les virages, la visibilite en option. Notre chauffeur etait un peu de cette trempe au debut mais avec mes protestations de plus en plus vehementes et surtout le contexte, il a rapidemement change sa conduite.
On ne voit pas a 3 metres, la nuit tombe, on frole le ravin, on serre les dents dans les virages, on se cramponne a tout ce qu'on peut.
Je vois Maxime faire son signe de croix et moi je recite toutes les prieres de toutes les religions que je connais. Des fois que Dieu soit mieux occupe ailleurs, je suis pret a m'en remettre a n'importe qui... C'est a ce moment la que je repense a ces paroles de ma mere et je me dis que ce serait trop con de finir son TDM dans un ravin si pres de la fin. On va quand meme pas craquer a 2 metres du bol de sangria !
Arrives a Santa Maria, bled a 30 mn de Santa Theresa, le pompiste nous previent qu' un autre eboulement a bloque la route. Il faut faire un detour et ca nous rajoute 2 heures. On est decomposes, le chauffeur, lui ne bronche pas. Cet homme va petit a petit gagner notre admiration.
On passe a travers la jungle amazonienne, on manque de s'enliser dans la boue, on bondit sur les pierres (ah oui, on a oublie le goudron depuis longtemps), on racle le dessous de la voiture tous les 10 metres.
Je pense a notre pauvre chauffeur qui est en train de defoncer sa voiture sur ce trajet et qui doit certainement s'en vouloir fortement de nous avoir rencontrer ce jour...
A 22h00, on apercoit enfin les lumieres de la ville en contre-bas. Le chauffeur ne peut retenir sa joie "Luce abajo !". Je souffle un peu. Mais il nous reste encore du chemin jusqu'a Agua Calientes.
Pas le plus dur, vu tout ce qu'on a deja fait, mais le plus chiant : rallier a pied les 10 km de route qui nous separent du village du Machu Picchu en pleine nuit dans la foret amazonienne...
On trouve les rails a 22h30. C'est parti pour les suivre pendant environ 2h30.
On hate le pas. De ma vie, je n'avais jamais marche aussi vite pendant 10km. Je me felicite chaque seconde d'avoir pris dans mon petit sac ma lampe torche dynamo. C'est notre seule source de lumiere pour voir ou on marche. Bien utile quand on passe des ponts ou on a juste les traverses de la voie ferree pour passer...
A minuit et demi, on arrive enfin a Agua Calientes. Quand on voit les lumieres de la ville, on saute de joie comme des gamins (presque) perdus.
Il s'agit maintenant de trouver une auberge.
Ca parait etre le plus simple de l'aventure mais ca aussi, c'est complique. Rien n'est ouvert. Fini l'Asie et sa vie 24h/24.
On va errer dans la ville pendant une heure jusqu'a finalement pouvoir entrer dans une auberge n'ayant pas ferme sa porte. La, on trouve un canape dans un couloir sur lequel on va enfin pouvoir se poser. Lorsque les proprios nous voient, on leur fait tellement de la peine qu'ils nous laissent rester jusqu'a ce qu'une chambre se libere (l'auberge est evidemment complete).
Manu Chao en concert dans ton salon...
A 4h, les premiers randonneurs partant pour le Machu Picchu descendent et rendent leur chambre. On se precipite a l'accueil. On paye, on prend la clef, on dit qu'en s'en fout de changer les draps, on veut juste dormir maintenant.
Ca y'est, la journee de galere se finit enfin.
Ce sont les meilleurs lits et couvertures de nos vies.
Tout ceci nous aura donne une bonne lecon. On est pas pret de recommencer les plans foireux maintenant. Dorenavant, tout sera carre ou ne sera pas.
Cet apres midi, nous apprenons qu'une greve vient d'eclater parmis les paysans de la region. Le mouvement est violent. Ils ont pris le controle des voies ferrees. La gare est en ebulition. On ne sait pas comment on va pouvoir repartir d'ici.
Je finis mon voyage en fanfare...
Heureusement, le Machu Picchu nous attend demain.
Il a interet a assurer. On n'a pas fait tout ca pour rien...
6 commentaires:
Tu vas me rendre folle !
Faites gaffe
Mam
D'où vient l'expression " Ce n'est pas le Pérou?" Qui a la réponse?
Je pensais à un superbe pays en tous genres.
Vous allez vraiment revenir transformés, la vie françsise va vous paraître bien monotone.
EXcellent anniversaire à Julien pour demain, fêtez cela dignement.
Affectueusement à tous deux. MAM77
L Amérique du Sud sans les fous du volants, les grèves de paysans et les ravins...Ca n est plus
l Amérique du Sud mais la Nouvelle Zelande...
Il va falloir ressortir de là maintenant: courage fuyez!
n'abusez pas du foie gras c'est que pour Julien !!!! Bon anniveraire
jeffsp 77
Quelle impression de fêter son anniversaire du haut du Machu Picchu ?
Les toasts au foie gras n'étaient certainement pas à température ambiante mais bons quand même !
Bon anniversaire 'mon kanarrr' (je peux aujourd'hui, tes lecteurs me comprendront)
Gros bisous de pap, mam, mamie N, mamie T
Salut,
J'arrive un peu tard dans l'histoire mais ton récit est super delirant ...
On a fait aussi le machu picchu en prenant le taxi jusqu'à Ollaytatambo en 2003 et c'était déjà sport aussi ... Sauf que arrivés là-bas, en attendant le train que vous avez raté, on a rencontré des gamins qui jouaient au foot sur le terrain communal. Il nous ont proposé de faire un match Pérou-France en misant un peso chacun pour la victoire, on était 4 copains de 22-23 ans. On a gagné et on leur a payé un coup avant de partir pour agua calientes ...
C'était très sympa et surtout que de souvenirs, comme vous deux.
Ce sont les plus belles galères qui font les meilleurs souvenirs ... ;o)
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