"Le Monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page." Saint Augustin.

mercredi 3 novembre 2010

Le sport US pour les nuls


Mardi soir, les Lakers de Los Angeles ont battu 125 à 104 les Grizzlies de Memphis. Un peu curieux vu que les ours à Memphis sont environ aussi nombreux que les lacs en Californie. Explication: le sport professionnel américain est organisé en franchises et pas en clubs. En gros, un type friqué qui rachète une équipe peut décider de la délocaliser pour augmenter ses recettes billetterie par exemple. C'est comme ça que les Lakers du Minnesota ont atterri à Los Angeles ou que les Grizzlies de Vancouver ont déménagé dans le Tennessee. Et oui, aux States, le tout-puissant dollar règne aussi sur le sport. Plus encore qu'en Europe où seul le football génère des revenus comparables au marché US. Là-bas, les contrats à plusieurs millions se signent aussi en basket, en baseball, en foot américain ou encore en hockey.


Paradoxalement, les maillots, souvent magnifiques, ne sont pas recouverts de sponsors. L'argent vient d'ailleurs. Le rythme des sports américains avec de nombreux arrêts de jeux permet de multiplier les coupures pubs donc les droits télés montent très haut. En contre-partie, la presse a accès aux vestiaires 45 minutes avant un match de basket et 10 minutes après (essayez ça en France...). Un joueur de football américain a récemment écopé d'une amende à 5 chiffres pour avoir manqué à ses obligations médiatiques. Des joueurs payés très cher et qui en échange jouent beaucoup: 82 rencontres de championnat en NBA (contre 38 pour les footballeurs français par exemple). Ca assure de grosses recettes billetterie d'autant que tout au stade est très cher de la place aux pop-corns en passant par le parking.


D'où également la nécessité du marketing. La quasi-totalité des stades/salles portent le nom d'un sponsor. A Los Angeles, le Staples de Staples Center renvoie à une chaîne de magasins de fournitures de bureau. Le "naming", dénoncé pour sa marketisation de la mémoire sportive, a récemment fait son entrée en France avec la MMA Arena au Mans. La France en retard aussi sur le merchandising. Porter une tenue de sport ou une casquette siglée appartient à la culture américaine. La pratique ne remonte qu'à une quinzaine d'années ici. Autre exemple: les télés mettent le paquet avec des angles de vue toujours plus inventifs et des statistiques toujours plus détaillées (une véritable passion là-bas). Canal Plus s'y met à peine.

Aux States, tout est bigger than life. Les ligues professionnelles peuvent justifier des places à prix élevés parce qu'elles sont des entreprises de spectacle. En Europe, c'est le public qui met l'ambiance. Aux Etats-Unis, les clubs assurent le show avec les fameuses pom-pom girls, des clips lors des arrêts de jeux, des animations sur le terrain, de la musique pendant les matches...En France, Max Guazzini tente de lancer le mouvement avec le Stade Français. Les Européens s'accrochent malgré tout à leur statut de supporters pour ne pas se transformer en vaches à lait. Devenir des spectateurs leur ferait perdre leur contre-pouvoir, à savoir les tribunes. Le public familial paie sans broncher. C'est le rêve du PSG qui a chassé les fans hardcore de son stade.



Les Lakers, 16 fois champions NBA, ont atteint le statut de mythe (entre autres parce qu'on est à Hollywood). Il y en a d'autres comme les New York Yankees en baseball. Mais malgré le poids de l'argent, tout le monde a sa chance dans le sport américain puisque chaque équipe est soumise au même plafond salarial.

David Beckham, un exemple des spectateurs stars à L.A

Surtout, le recrutement ne se fait pas à coups de gros chèques comme chez nous. Aux Etats-Unis, ce sont les lycées et les universités qui forment les futurs sportifs de haut niveau. Leurs installations n'ont rien à voir avec nos gymnases d'EPS. Un stade universitaire impressionne souvent plus que nos terrains de première division. Le classement final d'une équipe lui donne un droit sur le recrutement des jeunes joueurs. En gros, plus on est mauvais, plus on est prioritaire. Si on choisit bien, on prend un excellent joueur, s'assurant ainsi de bons résultats pour les prochaines saisons. Les Bulls de Chicago étaient dans le trou jusqu'à l'arrivée d'un jeune homme appelé Michael Jordan. Avec lui, ils ont été 6 fois champions du monde (aux Etats-Unis, on est champion du monde, c'est comme ça). Il a quitté le club en 98 et les Bulls commencent seulement aujourd'hui à ressembler de nouveau à quelque chose. Les Lakers, qui vont bientôt perdre le vieillissant Kobe Bryant, considéré comme l'héritier de Jordan, vont se retrouver face au même problème.

4 commentaires:

Julien a dit…

Un de tes meilleurs articles mec.
Très intéressant, très instructif et très bien écrit.
Merci pour le cours et la présentation d'un système qui devrait en inspirer certains chez nous (je pense au plafond de salaires par exemple...)

Babs a dit…

Excellent article, merci pour la leçon majestueux!

Zombie a dit…

Très bon article. J'aime beaucoup la sécheresse de certains passages, un peu ta marque de fabrique, comme le "on est champions du monde, c'est comme ça". Les photos sont top.

Ripley a dit…

Super article.
Le 06 de Beckam ? Pfff, et ca se dit journaliste d'investigation....