Vacances à la chaîne

C'est Jackie qui s'occupe de nous. Néo-zélandaise de naissance mais Américaine de mensurations. On se lève de notre canapé en cuir coincé entre un mur d'eau et des photos de familles heureuses, direction le premier étage et un grand salon. Autour de chacune des dizaines de tables, un couple et un vendeur. Avant de prendre place, Jackie nous invite à prendre un snack et à nous servir un verre à la fontaine à soda.





Mon coca light est posé sur la table. Barbara a pris un jus de quelque chose. Jackie nous pose des questions et parle d'elle. Avant de vendre des vacances en time-share, elle a porté l'uniforme de Sa Majesté en Irlande du Nord pendant que son mari combattait dans les Malouines. Du "small talk"comme on dit en américain. Et puis elle passe à l'offensive. Elle calcule ce que nous coûterait une semaine de vacances par an pendant 30 ans. 45000 dollars minimum. Elle déroule tous les avantages du site où nous sommes. Ici, près de San Diego, il fait beau toute l'année et la Floride est passée de mode, ce qui fait de la Californie du Sud un lieu idéal pour acheter en time-share. Tout le monde veut y venir alors rien de plus facile que de trouver quelqu'un pour échanger de lieu de vacances sur l'une des 1000 destinations proposées par la société. Elle parle en points, pas en dollars. Argumentaire efficace.



Mais Jackie n'insiste pas beaucoup. Elle a bien compris qu'on est jeunes, pas Américains et pas portés sur les résidences avec golf pour papa et piscine pour les enfants. On est venu pour les cadeaux promis quand on nous a proposé de venir (séjour de deux jours à Hawaï, tour des vins, tickets de cinéma, croisière dans la baie de San Diego) et elle le sait. Elle nous emmène tout de même visiter les appartements en vente en passant par le portrait de son patron. Appartement tout équipé grand luxe avec jacuzzi dans la chambre.



De retour à la table, Randy se pointe. Chemise à fleur mais mains de golgoth et pas sympathique. Prend la mouche quand j'explique qu'on ne dit pas "soccer" mais football. Lui, c'est Terminator. Il vient conclure les deals. Son de cloche, champagne et applaudissements dans la salle quand ça arrive. 3 options à 20, 25 et 35000 dollars en fonction de la taille de l'appart'. Les prix prennent 15000 dollars chacun si on signe pas le jour même. Le champagne reste au frais, Randy s'en va sans dire au revoir. Jackie nous raccompagne. On prend nos cadeaux et on va dîner mexicain dans le Gaslamp district de San Diego.