SUPERBOWL XVLI
Ça se passe dans une rue tranquille, derrière une petite
barrière blanche qui ne protège de rien. Dans le jardin de cette maison sans
étage, l'Amérique a rendez-vous avec son événement préféré. Le buffet est prêt,
l'écran géant aussi. Les Budweiser light sont au frais dans la glacière. Les
invités, en tenue ou pas, ont pris place sous la tonnelle. Il est 18h30 sur la
côte Est, 15h30 de l'autre côté du pays. Le 46e Superbowl de l'histoire peut
commencer.
Depuis deux semaines, depuis que les Giants de
New York et les Patriots de New England se sont qualifiés pour la finale du
championnat de football américain, les télés enchaînent les pubs spéciales, les
commentateurs sportifs analysent des conférences de presse quotidiennes, les
collègues de bureau s'interrogent mutuellement sur leur projet de
"Superbowl weekend" comme ils le feraient pour le Réveillon. Une
effervescence comparable uniquement aux JO ou à une Coupe de Monde de football.
Mais tous les ans, le premier weekend de février.
Dans le stade couvert d'Indianapolis, New York
mène au score. Le jeu s'arrête encore. Une pause de plus pour balancer les pubs
qui financent les salaires délirants des sports américains (23 millions de
dollars pour le quarterback Peyton Manning, record) et pour laisser le temps
aux 63.000 spectateurs d'acheter des hot-dogs à 10 dollars. Il faut ce qu'il
faut. Spectaculaires, drôles, inventives, les pubs, souvent réalisées exprès
pour l'événement, font partie du show. 3 millions de dollars les 30 secondes.
111 millions de téléspectateurs d'un coup, ça se paye.
En France, les femmes gloseraient sur la
plastique de Tom Brady, le meneur de jeu de New England. Ici, elles commentent
sa performance, moyenne. Le sport fait partie de la culture générale. Malgré
tout, les Patriots mènent à la mi-temps. L'heure du traditionnel concert.
Madonna arrive sur la pelouse en mode Cléopâtre. Pour plaire aux jeunes, LMFAO,
Cee-lo, MIA et Nicki Minaj l'accompagnent. Ca envoie. Comme dit Nicolas,
"c'est autre chose que le challenge Orange".
Avec les pauses multiples, 30 minutes de jeu effectif prennent une heure et demi alors la nuit tombe sur Los Angeles. La deuxième mi-temps démarre enfin. Dans le jardin, la Budweiser fait effet. Les supporteurs et les parieurs crient de plus en plus fort. New England marque mais rate l'occasion de tuer le match. New York contrôle désormais l'horloge, ce délice du sport américain, machine à suspense. Les Giants repassent devant grâce la seule action spectaculaire de l'après-midi, une passe de 45 mètres. Tom Brady n'a plus que 57 secondes pour gagner un quatrième Superbowl et entrer dans l'histoire. L'Histoire attendra. New York l'emporte. Le jardin se vide. L'Amérique rentre chez elle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire