"Le Monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page." Saint Augustin.

mercredi 4 avril 2012

Chroniques de là-bas













Hier encore


J'avais 21 ans la première fois que j'ai mis les pieds à New York. J'avais la peau douce et le ventre plat. J'étudiais. Mon copain Thibaut aussi. Mes parents travaillaient dur et ne voyageaient pas. Je n'avais jamais entendu parler de Barbara qui travaillait et voyageait déjà. On pouvait prendre l'avion sans enlever ses chaussures. Le monde versait des larmes pour Wall Street. 15 jours plus tôt, deux tours avaient succombé au régime Boeing: 110 étages perdus. La poussière rentrait encore dans les narines, même au-delà du périmètre de sécurité, à 3-4 blocks de Ground Zéro.




Manhattan ne lasse jamais. J'y suis retourné plusieurs fois. La dernière, c'était ce week-end, avec un bidon et du poil au menton. Mes parents ont traversé l'Atlantique, j'ai traversé le pays. Barbara, promue et mutée à Los Angeles, était dans l'avion, Thibaut, promu, muté et marié, dans un joli appartement new-yorkais. Plus personne ne pleure sur le sort de Wall Street.




A chaque fois que je suis revenu, je suis repassé par Ground Zero. Pas pour le site, un gros trou entouré de grillages, mais pour Century 21 et ses marques à bas prix de l'autre côté de la rue. Là, c'était différent. L'ancien World Trade Center a son mémorial, ouvert depuis septembre 2011. Deux cascades où figurent le nom des 2977 tués, un musée en construction et 400 chênes fraîchement plantés. Les arbres ne sont pas les seuls à pousser. De nouvelles tours de verre sont en train de s'élever. La plus grande montera jusqu'à 1776 pieds (541 mètres, la plus haute tour des USA). 1776 comme l'année de l'indépendance américaine.






Le reste est toujours à sa place. L'observatoire de l'Empire State Building, la flamme de la Statue de la Liberté, les bancs de Central Park, les lumières de Times Square (le Virgin a disparu au profit d'un magasin de fringues Forever 21, en course pour remplacer le Virgin des Champs-Elysées), l'arche de Washington Square, les boutiques de Soho, les Chinois de Chinatown, les riches de l'Upper East Side, les drapeaux de l'ONU, les trains de Grand Central ou les bijoux de chez Tiffany's. 




Même dans la ville qui ne dort pas, le temps passe. Le week-end s'est terminé. Mes parents sont montés dans un bus direction Paris avec escale à JFK. J'ai agité la main sous la pluie. Ils m'ont salué derrière les gouttes. Hier encore, c'était le contraire. Ma main qui s'agitait a pris celle de Barbara. New York avait une dernière soirée à offrir.


2 commentaires:

Julien a dit…

Elle est là Martine !

Loïc a dit…

Tranquille!